Alexandrin, always

Bonsoir à tous,

C'est avec beaucoup de souffrance et de chagrin, que je vous annonce que Alexandrin, le cheval de ma vie, mon poilu adoré, m'a quittée il y a 27 jours, le jeudi 12 janvier, un peu après 14h, dans de violentes et affreuses circonstances. Pour celles d'entre vous qui parlent anglais, j'ai écrit un post sur mon blog d'écriture, afin de lui rendre hommage: Goodnight, sweet Prince

Je l'avais changé six semaines auparavant d'écuries. Il s'était gravement blessé dans les fils de la clôture: plaie qui était allée jusqu'à l'os du jarret, manquant l'articulation et les tendons de seulement quelques centimètres. Il avait du être hospitalisé quelques jours, puis enfermé au box plus de 15 jours (j'avais déjà du le changer d'écurie pour le passage au box).
J'avais trouvé l'endroit parfait pour lui: un véritable paddock paradise entièrement naturel sur 6-7 hectares de terrain, avec 6 autres chevaux, un foin d'excellente qualité fait sur mesure par la propriétaire de la pension, qui est une femme vraiment extraordinaire. Il était heureux, véritablement, et vivait une vraie vie de cheval, et s'était presque entièrement remis de sa blessure (la plaie avait presque complètement cicatrisé, il ne fallait plus que la peau repousse pour que ce soit entièrement guéri).

Nous l'avons retrouvé le jeudi 12 janvier au matin, allongé au sol, en état de choc sévère et d'hypothermie avancée. Il était couché sur le flanc droit, une énorme plaie à la tête, sur le côté gauche du chanfrein: une balafre d'au moins 20cm de long plus plusieurs cm de large; on pouvait voir l'os et un muscle avait été tranché. Son oeil était vitreux, il ne voyait rien par moments. Nous avons découvert plus tard qu'il avait l'oeil droit complètement tuméfié, avec un trou très profond juste à côté, et des œdèmes partout sur la tête, et qu'il souffrait de lésions aux deux yeux, celles à l'oeil droit étant particulièrement graves.

Nous pensons, sans en avoir la certitude, qu'il a couru dans le parc avec les copains au petit matin, et qu'une branche lui est rentré dans l'oeil droit, causant le trou à côté de l'oeil, et les lésions. Que sous le coup de la douleur et du choc, qu'il a percuté un arbre juste après, s'ouvrant tout le côté gauche de la face, et se causant probablement un très grave traumatisme crânien au passage. Qu'il a pu se relever et retourner vers l'entrée du parc, où il s'est effondré, à cause du choc, ou de la perte de sang, ou du traumatisme, ou d'un mélange des trois.

Nous avons essayé de contacter plus de 20 vétos différents, aucun ne pouvait venir avant au moins 2h, ils étaient tous sur des urgences. Au final, il aura fallu plus de 2h45 pour qu'une véto arrive.

Pendant ce temps, nous avons essayé de le réchauffer au mieux, à grand renfort de couvertures et de bouillottes, de massages, de paille. Tout ce qu'on pouvait. Nous étions 7 autour de lui: la propriétaire de la pension et son mari, les deux voisines qui l'avaient trouvé le matin, l'ostéopathe équine qui devait venir pour le voir justement ce jour-là et son apprentie, et moi. Plus tard, trois hommes costauds nous ont rejoints pour essayer de le relever après l'avoir réchauffé un peu, et nous ont aidé à le masser. Il a été entouré et aimé jusqu'au bout.

A l'arrivée de la véto, elle a immédiatement fait des perfs d'antidouleur, et d'antibios. On a fait tremper des perfs de saline pour le réhydrater dans de l'eau brûlante pour essayer de le réchauffer de l'intérieur. Le but était de le réchauffer suffisamment pour le mettre debout, le mettre dans le camion, puis conduire à la clinique.

Malheureusement, malgré tous nos efforts, il ne s'est jamais relevé. Nous avons essayé avec des cordes, et des poulies, et nous étions dix à tirer, et pousser, et l'encourager, mais il n'a jamais pu trouver la force de se lever. J'ai donc demandé à la véto de l'aider à partir. Il voulait partir, je le sentais. Il n'en pouvait plus. Tout le monde lui a dit au revoir, l'a remercié, puis m'a laissée seule avec lui. Il est parti dans mes bras, juste nous deux, comme ça aurait du l'être, alors que je lui disais, encore et encore, merci pour tout, et combien je l'aimais.
Dès que je suis arrivée le matin, j'ai su. Qu'il ne survivrait pas. Malgré l'espoir et la foi de tous les autres qui me disaient qu'il était un battant. Je ne l'ai pas quitté un instant. De 9h, jusqu'à 14h30; je suis restée à moitié couchée, à moitié allongée à côté de lui, dans la boue et dans son sang, à lui parler, à l'apaiser, le bercer, chanter, tout ce que je pouvais. L'une des premières choses que je lui ai dit en arrivant, et que je n'ai cessé de lui répéter, était qu'il pouvait partir. Que c'était okay s'il voulait partir. Que je le soutiendrai, quoi qu'il choisisse. Il a choisi, et je l'ai soutenu.

La vétérinaire a apparemment été très impressionnée par la force de notre lien, et la paix que je lui ai procuré jusqu'à la fin. Si seulement elle savait... Que ce n'était pas un millième du lien qui nous unissait qu'elle a vu. Que c'était infiniment plus puissant et beau et profond.

Je l'ai fait incinérer, et j'ai récupéré ses cendres. Je compte les libérer sur une plage. Il était un esprit trop libre pour que j'enterre ses cendres. Il voudrait être libre. Je compte également enterrer une jolie boîte, dans laquelle j'aurai mis une petite touffe de ses crins, une lettre que je lui aurais écrite, des photos, et son licol en cuir gravé à son nom. Il y aura une plaque funéraire sur la "tombe", avec son nom, ses dates de vie et de mort, et la citation "Good night, sweet Prince", prononcée par Horatio, dans Hamlet ("Good night sweet Prince, and flights of angels sing thee to thy rest").
Je pense faire faire deux bijoux avec quelques touffes de ses crins: un bracelet gravé à son nom, que je ne porterai pas, de peur de le perdre, et qui sera sur ma table de nuit, où que j'aille. Et un pendentif, avec ses crins mis dans un matériel transparent, et que je porterai autour du cou, avec un épais fil en cuir pour ne pas le perdre ou le casser, et qui reposera contre mon cœur, toujours. Et un tatouage de lui: j'ai toujours souhaité avoir un tatouage, et j'attendais de trouver quelque chose qui ait un réel sens, et je pensais de plus en plus à me le faire tatouer. Je sais que c'est ce que je veux maintenant. Il était une part de moi, plus que je ne pourrais l'exprimer.

Je ne me remets toujours pas de sa mort. Je suis incapable de dormir sans médicaments, je fais des cauchemars toutes les nuits, je mange à peine, et ma dépression a sévèrement empiré. Je revois ses derniers moments en permanence, tous les instants, de tous les jours et toutes les nuits. Je vois sans cesse son sang sur mes mains et mes vêtements, et sur mon visage et mes cheveux chaque fois que je me vois dans un miroir. J'ai le cœur, et le corps, lourds. Je peine à avancer, à respirer.

Je l'aime tant. Mon ange, mon prince, je t'aime.

J'ai pleuré en te lisant . C'est atroce pour toi.

Je te souhaite sincèrement de te remettre de ça. Courage .

Oh je me souviens ben de vous deux ! Je suis tellement désolée de lire ces mots..
Je te souhaite beaucoup beaucoup de courage pour surmonter tout ça.

Est ce que tu te fais aider d'une façon ou d'une autre par des proches ou des pros pour traverser tout ça ?

Oooooh ! Ça doit être horriblement dur pour toi, je te souhaite beaucoup de courage pour accepter son départ.
Ton récit m'a toute remuée.

Merci à toutes pour vos messages de soutien. Ça a été tellement violent, injuste et inattendu... Il ne méritait pas une telle fin, personne ne mérite une telle fin. Mon seul réconfort, c'est qu'il a été entouré par des gens qui se sont battus pour lui jusqu'à la fin, et il l'a senti ; et surtout, il est parti avec moi à ses côtés, dans ses bras. Il n'est pas parti tout seul dans le froid du petit matin, ou dans les bras de quelqu'un qu'il connaissait à peine. Je pense qu'il était rasséréné que je sois là. Que ça l'a aidé dans son départ.

Je voyais déjà une psychiatre et psychologue avant ça, je continue à les voir, et on a ajusté les médicaments en fonction. Je vois ostéo et acupuncteur. Tout le monde à mon boulot se montre très gentil et compréhensif, surtout mon boss, j'ai de la chance. A la fac, que je suis à distance, je ne sais pas, j'ai un peu laissé pour le côté pour le moment...

Je vais partir au Canada en avril, pour y étudier et m'y installer. Je voulais partir dans tous les cas, mais un peu plus tard. Je ne supporte plus de rester là soin lui. C'est trop douloureux.

Oh c'est vraiment horrible ce qui lui est arrivé ... c'est bouleversant ...
Déjà perdre son cheval, mais en plus dans de telles circonstances ... Je te souhaite énormément de courage pour faire ton deuil
Dis toi que tu l'as accompagné jusqu'au bout et soutenu au maximum, et tu lui as rendu un bel hommage.
Je vais lire ton texte en anglais.

Ton message m'a beaucoup touché.
Je te souhaite de trouver la force d'avancer, même s'il ne cessera de vivre à travers toi.

Je suis tellement désolée pour vous...
La vie est réellement injuste.

Oh je me souviens de vous aussi, je suis très triste et touchée d'apprendre ce qui s'est passé.
Tu auras fait tout ce que tu as pu pour lui, et pour l'accompagner jusqu'au bout.
Courage à toi <3

Oh non, je suis vraiment désolée pour toi

Des tonnes de courage...

Je me souviens également de vous...
Je suis vraiment désolée C'est vraiment dur, très dur ce qui est arrivé

Courage, ce n'est vraiment pas évident ce que tu traverse là

Merci à toutes pour vos messages

Tu m'as fait revenir 2 ans en arrière... je sais Ô combien c'est douloureux surtout dans ses conditions, tu l'as accompagnés jusqu'au bout c'est l'essentiel...
je te souhaite beaucoup de courage et une nouvelle vie s'offre à toi au canada :*

J'étais tellement fan de votre histoire, ça m'a vraiment attristée que tu le perdes ainsi.
J'imagine que ce n'est qu'une très mince consolation, mais il a eu de la chance de te rencontrer au club et toi de pouvoir vivre une si belle histoire avec lui. Et comme tu dis, grâce à vous il a pu partir entouré et aimé. Beaucoup de courage pour en faire le deuil <3

Je me rappelle très bien de vous deux! Ton texte est très très émouvant. Je te souhaite tout le courage possible pour traverser ça

Ton message m'a mis les larmes aux yeux. Ton Alexandrin, j'imagine (ou alors je conçois à peine) ce qu'il représentait pour toi, et ce que tu représentais pour lui. Il aura eu une excellente proprietaire, qui s'est battue jusqu'au bout pour lui, bravo pour toutes ces années passées ensemble. Je te souhaite beaucoup de courage et t'offre tout mon soutien mental.

Je suis désolée pour toi... du courage

Oh je n'avais pas vu...sincèrement désolée pour toi.
La perte brutale, c'est toujours très difficile pour nous de l'encaisser.  Quand en plus elle se fait dans la souffrance, c'est carrément insupportable. Ce que tu peux te dire pour te consoler un tout petit peu, c'est que ses souffrances n'ont pas été trop longues (par rapport à  certaines maladies), et que tu étais là à ses côtés pour le soutenir.
Courage,  tu as d'autres projets et c'est bien. Petit à  petit, les moments les plus douloureux finiront par s'estomper et il te restera le souvenir de votre magnifique histoire à tous les deux.

courage...

Elo,

Je pense bien à toi, je viens de vivre la même douleur, imprévue, irrationnelle. Je ne polluerai pas ton poste, mais mon Titus est aussi parti de manière pas sereine et c'est pas agréable à attendre en voyant notre compagnon souffrir par terre sans pouvoirs.

Gros bisous